Calligrammes: Poems of Peace and War 1913-1916, is a collection of poems by Guillaume Apollinaire which was first published in 1918 (see 1918 in poetry). Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Guillaume Wilhem Albert Wlodzimierz Apollinary de Wąż-Kostrowicki, est un poète français majeur et véritable pilier de la modernité poétique. Dans le premier poème Iris, déesse de l’arc-en-ciel, est une image de l’inconstance féminine, en même temps que du talent de coloriste de Marie Laurencin. 2014 - Cette épingle a été découverte par Vilma Rivera. Philippe Soupault évoque les circonstances de sa rédaction, qui eut lieu sans doute au printemps 1917, ce qui explique la gravité de cette méditation sur les morts devenus ombre du poète, et alignés comme des munitions dans le « caisson » réglementaire. 250. Voir plus d'idées sur le thème calligramme, guillaume apollinaire, calligramme apollinaire. 14. J.-C., en représentant une hache, un œuf et des ailes de l'amour. Apollinaire’s Notes to the Bestiary. Source : Guillaume Apollinaire, Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916, Mercure de France, 1918. And nobility of line: It praises the line that forms the images, marvellous ornaments to this poetic entertainment. La 1re édition à 25 exemplaires de Case d’Armons a été polygraphiée sur papier quadrillé, à l’encre violette, au moyen de gélatine, à la batterie de tir (45e batterie, 38e Régiment d’artillerie de campagne) devant l’ennemi, et le tirage a été achevé le 17 juin 1915. Apollinaire, après avoir été « observateur aux lueurs » (v. 18 ; voir « Lueurs », p. 000), est « chef de pièce au canon ». Marion 19 avril 2016 à 14 h 38 min. tu assassines les arbres qui sont tes G.V.C. Cela va des sujets du quotidien à des choses plus noires, comme la guerre, ou plus romantiques comme l'amour. Publication préoriginale : La Grande Revue, nº 11, novembre 1917. 207. Voir plus d'idées sur le thème calligramme, calligramme apollinaire, guillaume apollinaire. Titre : l’« abri-caverne » est enterré sous six mètres de terre, à l’abri des obus. Voici un parapluie pour te protéger de la pluie ou une ombrelle pour t’abriter du soleil. L'Expérience idéo-calligrammatique d'Apollinaire (1985) Paris : J. Touzot , 1985. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Le poème est adressé à Madeleine le 6 octobre. Guillaume Apollinaire (1850-1918) biographie. La seconde bataille de Champagne, marquée par une offensive générale de l’armée française, se déroule du 22 au 25 septembre 1915. 221. Le calligramme suppose une lecture « active », car le lecteur doit chercher le sens et la direction des phrases, chose qui paraît évidente dans un texte classique. « La Grâce exilée » compose avec les six poèmes suivants un « petit roman poétique guerrier » qu’Apollinaire avait intitulé Le Médaillon toujours fermé. Publication préoriginale : Les Soirées de Paris, nº 26-27, juillet-août 1914. Il écrit le recueil de poèmes Alcools. Le poème, qui a d’abord formé un ensemble avec « Cœur couronne et miroir », s’est intitulé « Paysage animé » et « Nature morte », ce qui mettait en évidence son rapport avec la peinture. La poule d’eau caquète et plonge à ton approche, Le ciel est étoilé par les obus des Boches, La forêt merveilleuse où je vis donne un bal, La mitrailleuse joue un air à triples-croches, Aux créneaux Aux créneaux Laissez là les pioches, Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons, Et tes mille soleils ont vidé les caissons, Que les dieux de mes yeux remplissent en silence, Nous vous aimons ô vie et nous vous agaçons, Un amour qui se meurt est plus doux que les autres, Ton souffle nage au fleuve où le sang va tarir, Pourpre amour salué par ceux qui vont périr, Le printemps tout mouillé la veilleuse l’attaque, Il pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts, Ulysse que de jours pour rentrer dans Ithaque, Couche-toi sur la paille et songe un beau remords, Qui pur effet de l’art soit aphrodisiaque, Par l’issue ouverte sur le boyau dans la craie, En regardant la paroi adverse qui semble en nougat, On voit à gauche et à droite fuir l’humide couloir désert, Où meurt étendue une pelle à la face effrayante à deux yeux réglementaires qui servent à l’attacher sous les caissons, Un rat y recule en hâte tandis que j’avance en hâte, Et le boyau s’en va couronné de craie semé de branches, Comme un fantôme creux qui met du vide où il passe blanchâtre, Et là-haut le toit est bleu et couvre bien le regard fermé par quelques lignes droites, Mais en deçà de l’issue c’est le palais bien nouveau et qui paraît ancien, Le plafond est fait de traverses de chemin de fer, Entre lesquelles il y a des morceaux de craie et des touffes d’aiguilles de sapin, Et de temps en temps des débris de craie tombent comme des morceaux de vieillesse, À côté de l’issue que ferme un tissu lâche d’une espèce qui sert généralement aux emballages, Il y a un trou qui tient lieu d’âtre et ce qui y brûle est un feu semblable à l’âme, Tant il tourbillonne et tant il est inséparable de ce qu’il dévore et fugitif, Les fils de fer se tendent partout servant de sommier supportant des planches, Ils forment aussi des crochets et l’on y suspend mille choses, Des musettes bleues des casques bleus des cravates bleues des vareuses bleues, Morceaux du ciel tissus des souvenirs les plus purs, Et il flotte parfois en l’air de vagues nuages de craie, Sur la planche brillent des fusées détonateurs joyaux dorés à tête émaillée, Funambules qui attendent leur tour de passer sur les trajectoires, Et font un ornement mince et élégant à cette demeure souterraine, Six lits couverts de riches manteaux bleus, Sur le palais il y a un haut tumulus de craie, Mais privé d’eau car ici il ne roule que le feu jailli de la mélinite, Tas de cloches aux doux sons des douilles rutilantes, Sapins élégants et petits comme en un paysage japonais, Le palais s’éclaire parfois d’une bougie à la flamme aussi petite qu’une souris, Ô palais minuscule comme si on te regardait par le gros bout d’une lunette, Petit palais où tout est neuf rien rien d’ancien, Et où tout est précieux où tout le monde est vêtu comme un roi, Une selle est dans un coin à cheval sur une caisse, Et cependant tout paraît vieux dans cette neuve demeure, Si bien qu’on comprend que l’amour de l’antique, Soit venu aux hommes dès le temps des cavernes, Qu’une chose plus ancienne ou qui a déjà servi y apparaît, Dans ce palais souterrain creusé dans la craie si blanche et si neuve, Sont si vieilles et si usées dans ce palais qui semble antique sans imiter l’antique, Qu’on voit que ce qu’il y a de plus simple de plus neuf est ce qui est, Le plus près de ce que l’on appelle la beauté antique, A besoin de vieillir pour avoir la beauté qu’on appelle antique, Et qui est la noblesse la force l’ardeur l’âme l’usure, Aussi simple que le petit palais du tonnerre, Plein d’eaux vives et de jardiniers endiablés, C’est quelque chose de si ténu de si lointain, Que d’y penser on arrive à le trop matérialiser, Et cette petite voyageuse alerte inclina brusquement la tête sur le quai de la gare à Marseille, Sur un petit bois de la Champagne où un soldat s’efforce, Devant le feu d’un bivouac d’évoquer cette apparition, Tandis que les volutes bleuâtres qui montent, D’un cigare écrivent le plus tendre des noms, Mais les nœuds de couleuvres en se dénouant, Dont chaque lettre se love en belle anglaise, Le jeu de mots bilingue que ne manque point de susciter, Je me jette vers toi et il me semble aussi que tu te jettes vers moi, Une force part de nous qui est un feu solide qui nous soude, Et puis il y a aussi une contradiction qui fait que nous ne pouvons nous apercevoir, En face de moi la paroi de craie s’effrite, De longues traces d’outils traces lisses et qui semblent être faites dans de la stéarine, Des coins de cassures sont arrachés par le passage des types de ma pièce, Moi j’ai ce soir une âme qui s’est creusée qui est vide, On dirait qu’on y tombe sans cesse et sans trouver de fond, Ce qui y tombe et qui y vit c’est une sorte d’êtres laids qui me font mal et qui viennent de je ne sais où, Oui je crois qu’ils viennent de la vie d’une sorte de vie qui est dans l’avenir dans l’avenir brut qu’on n’a pu encore cultiver ou élever ou humaniser, Dans ce grand vide de mon âme il manque un soleil il manque ce qui éclaire, C’est aujourd’hui c’est ce soir et non toujours, Les autres jours je me console de la solitude et de toutes les horreurs, Pour l’élever au-dessus de l’univers extasié, Et mon goût de la beauté est-il donc aussi vain, Ou n’es-tu qu’une entité que j’ai créée sans le vouloir, Es-tu une de ces déesses comme celles que les Grecs avaient douées pour moins s’ennuyer, Je t’adore ô ma déesse exquise même si tu n’es que dans mon imagination, La boucle des cheveux noirs de ta nuque est mon trésor, Ma pensée te rejoint et la tienne la croise, Ton souvenir est la lanterne de repérage qui nous sert à pointer la nuit, En. L'Oeil, Guillaume Apollinaire, Caligrammes, 1918. The collection is especially noted for its pattern poetry, -Étendards. Un calligramme est un poème dont la disposition graphique sur la page forme un dessin, généralement en rapport avec le sujet du texte, mais il arrive parfois que la forme apporte un sens qui s'oppose au texte. Guillaume Apollinaire, Les Calligrammes: la parole et sa dimension plastique L'essentiel. Titre : Dieuze est une ville de garnison située en Moselle, à distance du front. du matin et j’ai déjà bu un mouton, le câblogramme comportait 2 mots en sûreté, Madame Salmajour avait appris en Océanie à tirer les cartes, C’est là-bas qu’elle avait eu encore l’occasion de participer, En ce qui concerne l’avenir elle ne se trompait jamais, Une cartomancienne céretane Marguerite je ne sais plus quoi, Tout ce qu’elle m’a dit du passé était vrai et tout ce qu’elle, M’a annoncé s’est vérifié dans le temps qu’elle indiquait, J’ai connu un sciomancien mais je n’ai pas voulu qu’il interrogeât mon ombre, Je connais un sourcier c’est le peintre norvégien Diriks, Miroir brisé sel renversé ou pain qui tombe, Puissent ces dieux sans figure m’épargner toujours, Au demeurant je ne crois pas mais je regarde et j’écoute et notez, Car je ne crois pas mais je regarde et quand c’est possible j’écoute, Tout le monde est prophète mon cher André Billy, Mais il y a si longtemps qu’on fait croire aux gens, Qu’ils n’ont aucun avenir qu’ils sont ignorants à jamais, Qu’on en a pris son parti et que nul n’a même l’idée, De se demander s’il connaît l’avenir ou non, Il n’y a pas d’esprit religieux dans tout cela, Ni dans les superstitions ni dans les prophéties, Ni dans tout ce que l’on nomme occultisme, Il y a avant tout une façon d’observer la nature, J’ai enfin le droit de saluer des êtres que je ne connais pas, Ils passent devant moi et s’accumulent au loin, Tandis que tout ce que j’en vois m’est inconnu, Et leur espoir n’est pas moins fort que le mien, Je ne chante pas ce monde ni les autres astres, Je chante toutes les possibilités de moi-même hors de ce monde et des astres, Je chante la joie d’errer et le plaisir d’en mourir, Passeur des morts et les mordonnantes mériennes, Des millions de mouches éventaient une splendeur, Quand un homme sans yeux sans nez et sans oreilles, Quittant le Sébasto entra dans la rue Aubry-le-Boucher, Jeune l’homme était brun et ce couleur de fraise sur les joues, Il jouait de la flûte et la musique dirigeait ses pas, Il s’arrêta au coin de la rue Saint-Martin, Jouant l’air que je chante et que j’ai inventé, Les femmes qui passaient s’arrêtaient près de lui, Lorsque tout à coup les cloches de Saint-Merry se mirent à sonner, Le musicien cessa de jouer et but à la fontaine, Qui se trouve au coin de la rue Simon-Le-Franc, Et revenant sur ses pas marcha jusqu’à la rue de la Verrerie, Où il entra suivi par la troupe des femmes, Qui venaient par les rues traversières les yeux fous, Les mains tendues vers le mélodieux ravisseur, Il s’en allait indifférent jouant son air, À quelle heure un train partira-t-il pour Paris, Les pigeons des Moluques fientaient des noix muscades, Mission catholique de Bôma qu’as-tu fait du sculpteur, Elle traverse un pont qui relie Bonn à Beuel et disparaît à travers Pützchen, Rivalise donc poète avec les étiquettes des parfumeurs, En somme ô rieurs vous n’avez pas tiré grand-chose des hommes, Et à peine avez-vous extrait un peu de graisse de leur misère, Mais nous qui mourons de vivre loin l’un de l’autre, Tendons nos bras et sur ces rails roule un long train de marchandises, Tu pleurais assise près de moi au fond d’un fiacre, Tu me ressembles tu me ressembles malheureusement, Nous nous ressemblions comme dans l’architecture du siècle dernier, Ces hautes cheminées pareilles à des tours, Nous allons plus haut maintenant et ne touchons plus le sol, Le cortège des femmes long comme un jour sans pain, Suivait dans la rue de la Verrerie l’heureux musicien, C’est quand jadis le roi s’en allait à Vincennes, Quand les ambassadeurs arrivaient à Paris, Quand le maigre Suger se hâtait vers la Seine, Quand l’émeute mourait autour de Saint-Merry, Les femmes débordaient tant leur nombre était grand, Et leurs pas légers et prestes se mouvaient selon la cadence, L’inconnu s’arrêta un moment devant une maison à vendre, La cour sert de remise à des voitures de livraisons, Sa musique qui s’éloignait devint langoureuse, Les femmes le suivirent dans la maison abandonnée, Et toutes y entrèrent confondues en bande, Toutes toutes y entrèrent sans regarder derrière elles, Sans regretter le jour la vie et la mémoire, Il ne resta bientôt plus personne dans la rue de la Verrerie, Sinon moi-même et un prêtre de Saint-Merry, C’est quand jadis le roi revenait de Vincennes, Il vint des soldats de la garde républicaine, Troupeau de regards langoureux des femmes, J’entends mourir le son d’une flûte lointaine, la cravate douloureuse que tu portes et qui t’orne ô civilisé ôte-la si tu veux bien respirer, la beauté de la vie passe la douleur de mourir, l’infini redressé par un fous de philosophe, et le vers dantesque luisant et cadavérique, Comme c’était la veille du quatorze juillet, Je descendis dans la rue pour aller voir les saltimbanques, Dans ma jeunesse on en voyait beaucoup plus qu’aujourd’hui, Ils s’en sont allés presque tous en province, Et sur une petite place située entre Saint-Germain-des-Prés et la statue de Danton, La foule les entourait muette et résignée à attendre, Je me fis une place dans ce cercle afin de tout voir, Villes de Belgique soulevées à bras tendu par un ouvrier russe de Longwy, Haltères noirs et creux qui ont pour tige un fleuve figé, Doigts roulant une cigarette amère et délicieuse comme la vie, De nombreux tapis sales couvraient le sol, Tapis qui ont des plis qu’on ne défera pas, Tapis qui sont presque entièrement couleur de la poussière, Et où quelques taches jaunes ou vertes ont persisté, Comme un air de musique qui vous poursuit, La cendre de ses pères lui sortait en barbe grisonnante, Il portait ainsi toute son hérédité au visage, En tournant machinalement un orgue de Barbarie, Dont la lente voix se lamentait merveilleusement, Les glouglous les couacs et les sourds gémissements, Le plus vieux avait un maillot couleur de ce rose violâtre qu’ont aux joues certaines jeunes filles fraîches mais près de la mort, Ce rose-là se niche surtout dans les plis qui entourent souvent leur bouche, Les bras les bras partout montaient la garde, Avec son pantalon bouffant et les accroche-chaussettes, N’aurait-il pas eu l’apparence d’un maquereau à sa toilette, La musique se tut et ce furent des pourparlers avec le public, Qui sou à sou jeta sur le tapis la somme de deux francs cinquante, Au lieu des trois francs que le vieux avait fixés comme prix des tours, Mais quand il fut clair que personne ne donnerait plus rien, De dessous l’orgue sortit un tout petit saltimbanque habillé de rose pulmonaire, Avec de la fourrure aux poignets et aux chevilles, Et saluait en écartant gentiment les avant-bras, Une jambe en arrière prête à la génuflexion, Il salua ainsi aux quatre points cardinaux, Son corps mince devint une musique si délicate que nul parmi les spectateurs n’y fut insensible, Que moulait l’homme au visage couvert d’ancêtres, Et que l’organiste se cacha le visage dans les mains, Aux doigts semblables aux descendants de son destin, Fœtus minuscules qui lui sortaient de la barbe, Les saltimbanques soulevèrent les gros haltères à bout de bras, Mais chaque spectateur cherchait en soi l’enfant miraculeux, Mon Cœur semblable à une flamme renversée, Les rois qui meurent tour à tour renaissent au cœur des poètes, Dans ce miroir je suis enclos vivant et vrai comme on imagine les anges et non comme sont les reflets, dans les vals et les beaux bois frais du tendre été si pâle, la douce nuit lunaire et pleine d’étoiles, Ton visage écarlate ton biplan transformable en hydroplan, Ta maison ronde où il nage un hareng saur, 90 ou 324 un homme en l’air un veau qui regarde à travers le ventre de sa mère, Le vieux se lave les pieds dans la cuvette, Je me mis à pleurer en me souvenant de vos enfances, Et toi tu me montres un violet épouvantable, Ce petit tableau où il y a une voiture m’a rappelé le jour, Un jour fait de morceaux mauves jaunes bleus verts et rouges, Où je m’en allais à la campagne avec une charmante cheminée tenant sa chienne en laisse, Il n’y en a plus tu n’as plus ton petit mirliton, La cheminée fume loin de moi des cigarettes russes, À travers l’Europe vêtue de petits feux multicolores, Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir, c’est vous aussi qu’il pleur merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes, et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout comme un univers de villes auriculaires, écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique, écoute tomber les liens qui te retiennent, Je partis de Deauville un peu avant minuit, Des géants furieux se dressaient sur l’Europe, Les aigles quittaient leur aire attendant le soleil, Les poissons voraces montaient des abîmes, Les peuples accouraient pour se connaître à fond, Les morts tremblaient de peur dans leurs sombres demeures, Les chiens aboyaient vers là-bas où étaient les frontières, Je m’en allais portant en moi toutes ces armées qui se battaient, Je les sentais monter en moi et s’étaler les contrées où elles serpentaient, Avec les forêts les villages heureux de la Belgique, Francorchamps avec l’Eau Rouge et les pouhons, Région par où se font toujours les invasions, Artères ferroviaires où ceux qui s’en allaient mourir, Océans profonds où remuaient les monstres, Et descend tout à coup comme une étoile filante, Je sentais en moi des êtres neufs pleins de dextérité, Bâtir et aussi agencer un univers nouveau, Un marchand d’une opulence inouïe et d’une taille prodigieuse, De grands troupeaux muets qui broutaient les paroles, Et contre lesquels aboyaient tous les chiens sur la route, Au moment où l’on affichait la mobilisation, Que la petite auto nous avait conduits dans une époque, Et bien qu’étant déjà tous deux des hommes mûrs, Ô départ sombre où mouraient nos 3 phares, comme la balle à travers le corps le son traverse la vérité car la raison c’est ton art femme, o batailles la terre tremble comme une ma[n] doline, Que cet œillet te dise la loi des odeurs qu’on n’a pas encore promulguée et qui viendra un jour régner sur nos cerveaux bien + précise & + subtile que les sons qui nous dirigent, Je préfère ton nez à tous tes organes ô mon amie, Ô nez de la pipe les odeurs-centre fourneau y forgent les chaînes univers infiniment déliées qui lient les autres raisons formelles, Des fleurs à ras du sol regardent par bouffées, Les boucles des odeurs par tes mains décoiffées, Mais je connais aussi les grottes parfumées, Où plus doux que la nuit et plus pur que le jour, Tu t’étends comme un dieu fatigué par l’amour, Je me suis engagé sous le plus beau des cieux, Je suis un charretier du neuf charroi de Nîmes, Épousent ardemment et sans cesse les buts, J’attends que le printemps commande que s’en aille, Vers le nord glorieux l’intrépide bleusaille, Les 3 servants assis dodelinent leurs fronts, Où brillent leurs yeux clairs comme mes éperons, J’entends sonner les trompettes d’artillerie, Qui va rejoindre au front notre beau régiment, À l’anchois en parlant de sa femme malade, 4 pointeurs fixaient les bulles des niveaux, Qui remuaient ainsi que les yeux des chevaux, Un grand air d’opéra toi l’écoutant tu pleures, Gris comme l’eau de Seine et je songe à Paris, Des obus dans la nuit la splendeur argentine, Je selle mon cheval nous battons la campagne, Je te salue au loin belle rose ô tour Magne, Mais près d’un jet d’eau qui pleure et prie, Ceux qui sont partis à la guerre au nord se battent maintenant, Jardins où saigne abondamment le laurier rose fleur guerrière, Me voici libre et fier parmi mes compagnons, Le Réveil a sonné et dans le petit jour je salue, Les 3 servants bras dessus bras dessous se sont endormis sur l’avant-train, Et conducteur par mont par val sur le porteur, Au pas au trot ou au galop je conduis le canon, Le bras de l’officier est mon étoile polaire, Il pleut mon manteau est trempé et je m’essuie parfois la figure, Avec la serviette-torchon qui est dans la sacoche du sous-verge, Voici des fantassins aux pas pesants aux pieds boueux, La pluie les pique de ses aiguilles le sac les suit, Le lièvre détale et voici un ruisseau que j’aime, Et cette jeune femme nous salue charretiers, La Victoire se tient après nos jugulaires, Et calcule pour nos canons les mesures angulaires, Nos salves nos rafales sont ses cris de joie, Ses fleurs sont nos obus aux gerbes merveilleuses, Sa pensée se recueille aux tranchées glorieuses, qui a foutu la vxxxxx à toute l’artillerie, l’artillerie ne s’est pas aperçu qu’elle avait mal au [cul], Sacré nom de Dieu quelle allure nom de Dieu quelle allure, souvenirs de Paris avant la guerre ils seront bien plus doux après la victoire, salut monde dont je suis la langue éloquente que sa bouche ô Paris tire et tirera toujours aux Allemands, j’entends chanter l’oiseau le bel oiseau rapace, J’entends les pas des grands chevaux d’artillerie allant au trot sur la grand-route où moi je veille, Un grand manteau gris de crayon comme le ciel m’enveloppe jusqu’à l’oreille, Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre, Comme cent fourrures ne font qu’un manteau, Comme ces milliers de blessures ne font qu’un article de journal, Apparence impalpable et sombre qui avez pris, Vous ne connaîtrez plus les poèmes divins que je chante, Tandis que moi je vous entends je vous vois encore, Vous qui m’aimez assez pour ne jamais me quitter, Et qui dansez au soleil sans faire de poussière, Se love de la mer jusqu’à l’espoir attendrissant de l’Est, dans la solution de bicarbonate de sodium, les masques seront simplement mouillés des larmes de rire de rire, Chevaux couleur cerise limite des Zélandes, Des mitrailleuses d’or coassent des légendes, Je t’aime liberté qui veilles dans les hypogées, Harpe aux cordes d’argent ô pluie ô ma musique, L’invisible ennemi plaie d’argent au soleil, Les villes tour à tour deviennent des clefs, Guerre paisible ascèse solitude métaphysique, mais l’auto-bazar que l’on dit merveilleux, Rapidité attentive à peine un peu d’incertitude, Mais la couleuvre me regarde dressée comme une épée, Un trou d’obus propre comme une salle de bain, Le crapaud chantait les saphirs nocturnes, Et le long du canal des filles s’en allaient, On tire dans la direction « des bruits entendus », Ne pleurez donc pas sur les horreurs de la guerre, Le glaive antique de la Marseillaise de Rude, Venus des Atlantides ou bien des Négrities, Rivière d’hommes forts et d’obus dont l’orient chatoie, Embaume les espoirs d’une armée qui halète, Où le crapaud module un tendre cri d’azur, Un rossignol meurtri par l’amour chante sur, Le rosier de ton corps dont j’ai cueilli les roses, Nos cœurs pendent ensemble au même grenadier, Et les fleurs de grenade en nos regards écloses, En tombant tour à tour ont jonché le sentier, C’est dans la cagnat en rondins voilés d’osier, Auprès des canons gris tournés vers le nord, Où l’on dansait où l’on chantait où l’on faisait l’amour, Je me souviens du si délicat si inquiétant, C’était donc une tête de nègre dans la nuit profonde, Moins sauvage que notre cagnat de canonniers-servants, J’ai connu l’horreur de l’ennemi qui dévaste, Et les garçons dont la croupe dure sursaute, Je suis soldat français on m’a blanchi du coup, Pourquoi donc être blanc est-ce mieux qu’être noir, Et nous tirons sur les ravitaillements boches, Ou sur les fils de fer devant les bobosses, Et de couples enchaînés par un atroce amour, Qui donc saura nous faire oublier telle ou telle partie du monde, Où est le Christophe Colomb à qui l’on devra l’oubli d’un continent, C’était un temps béni nous étions sur les plages, Va-t’en de bon matin pieds nus et sans chapeau, L’amour blessait au cœur les fous comme les sages, C’était un temps béni Le temps du vaguemestre, On est bien plus serré que dans les autobus, Et des astres passaient que singeaient les obus, Quand dans la nuit survint la batterie équestre, C’était un temps béni Jours vagues et nuits vagues, À limer jusqu’au soir d’invraisemblables bagues, Les Servants ont limé la bague au long des mois, Le Conducteur écoute abrité dans les bois, La chanson que répète une étoile inconnue.
2020 calligramme soleil apollinaire